17.12.10

France 1900 - Japonisme et Art Nouveau.




Autour de 1900, dans le dernier tiers du XIXe siècle, sous l’influence du "japonisme", introduit en France avec l’Exposition universelle de 1867, les objets japonais, notamment ceux destinés à la précieuse cérémonie du thé, vont rapidement influencer les traditions régionales françaises.
Ce "courant" tres influent dans les milieux culturels et artistiques, va par l intermediare de certains "maitres a penser" changer radicalement la perception de la céramique, de ses techniques et de ses matériaux .
Le grès, mais aussi la porcelaine et la faïence apparaissent comme le moyen, pour l’artisan devenu créateur, de développer, dans la logique d’une esthétique des "arts décoratifs" qui lie le décor au support et associe « le beau à l’utile », des objets dont les formes et les décors sinueux, asymétriques, les textures, les coulures et les couvertes subtiles, s’inspirent du monde organique (batraciens, serpents, insectes, panthères mais aussi coloquintes et autres calebasses), de l’écume de la mer ou de la chevelure féminine.


Saint Amand en Puysaie/"Ecole de Carriés"/Japonisme et grés.
Jean Carriès, né a Lyon en 1855,  s'installe à Paris et se consacre a la sculpture. Il aura rapidement un grand succès.
Malgré son triomphe de sculpteur, touché par "l'esprit japonais" lors de l'exposition universelle à Paris,  il abandonne la sculpture et s’installe en 1888 à Saint-Amand-en-Puisaye, haut lieu du grès depuis VIIe siècle.
Soutenu par E. Lion et Normand, J. Carriés progresse rapidement dans cette nouvelle discipline et en 1889 expose ses premiers travaux qui furent très bien accueillis.
A sa suite, arrivent et s'installent a St Amand Georges Hoentschel, Émile Grittel , Abbe Pacton, W.Lee, L.Perrot, Jean Pointu,E. Pointu, N. de Barck, J. Jeanneney Armand et Eugène Lion... St Amand devient alors un lieu incontournable pour tous "artistes" adeptes du "japonisme', qui explorent l'art du grès.

Les barbotines. 
Les barbotines, sont des faïences "joyeuses" ( humoristiques ou caricaturales), colorées usant du trompe l'oeil de la surcharge de motifs animaliers ou anthropomorphes. de plantes et fleurs.
Rutilantes, voyantes sous la brillance extrême de l'émail toujours agrémentées de légers reliefs.
Extrêmement populaires, représentant un "luxe abordable", de production industrielle mais toujours peintes a la main et de fabrication soignée, les barbotines envahissent la Belgique, et essaiment sur tout le nord de la France (Wasmuel, Nimy, Orchies, Onnaing, St Clement Luneville...).
Les barbotines vont perdurer du début du XIXe siècle jusque vers 1940.Absorbant et abusant a profusion de tous les symboles de l'Art Nouveau, elles restent dans la mémoire collective un pur produit des années 1900.
A la faïencerie de Fives/Lille, De Bruyn s'inspirera très fortement pour certaines pièces du style Art Nouveau, de l'un des architectes et créateurs emblématiques de ce mouvement Hector Guimard.

Massier/Vallauris 

Une dynastie familiale de céramistes qui remonte au-delà de la révolution française et qui joua un rôle clé dans la renaissance de la céramique de Vallauris. 
Les trois entreprises Massier, dirigées par les frères Clément et Delphin et le cousin Jérôme, formeront une des productions majeures de Vallauris. Clément Massier est considéré comme le fondateur au début du xxe siècle de l’industrie céramique moderne de Vallauris.
Clément Massier (1844Vallauris - 1917 Golfe-juan) fut d'abord ouvrier dès 1856 chez son père Jacques (1801-1871). Il fut initié à la poterie par Gaetano Gandolfi, qui avec lui fera la renommée de la maison Massier. Ainsi la production se distinguera par son originalité, abandonnant la poterie utilitaire au profit d'une création exclusivement artistique.
Au décès de son père, Clément s'associe a son frère Delphin Massier pour créer finalement sa propre fabrique en 1883 en dehors de Vallauris à Golfe-JuanClément Massier devient un véritable entrepreneur en ouvrant des points de vente dans sa propre région, mais aussi dans la capitale et jusqu'en Allemagne. En 1887, il deviendra fournisseur officiel de la couronne d'Angleterre.
Clément travaille avec des artistes de renom, mais surtout avec  l'artiste Lucien Lévy-Dhurmer qui travaillera pour Clément Massier de 1887 à 1895 comme directeur artistique de la manufacture.
La compétition des manifestations artistiques pousse Clément à effectuer des recherches passionnées pour la mise au point de nouveaux types de faïences à reflets métalliques. Lors de l'exposition universelle de 1889, ses céramiques turquoise au lustre métallique lui valent une médaille d'or.
Grâce à ses travaux chimiques, il s'impose comme un des principaux créateurs de la céramique irisée, produisant une œuvre d'une grande diversitéAprès son décès le 14 mars 1917, l'entreprise de Clément Massier sera reprise par ses filles.
1900 Art Nouveau,  Hector Guimard/ Sevres (France).
Vase dit "de Chalmont" 1901, en grès, a corps pansu évasé, présentant de rameaux stylisés, surmontant une ouverture quadrangulée, avec de nombreux reliefs et ouvertures. Émaux beiges et bruns.Hector Guimard, porta un grand intérêt a la céramique architecturale dès 1889.
Il la faisait réaliser à Ivry sur  Seine chez Muller ou à Choisy le Roi chez Gilardoni et Brault.
Il collabora a  plusieurs reprises avec la Manufacture de Sevres, et trois de ses modèles seront présentés dans le catalogue d'ouvrage des sculpteurs de la Manufacture Nationale de Sevres en 1924, objets qui furent présentés la même année a l'exposition internationale de St Louis aux Etats Unis
Il fera jouer a la céramique,  dans ses créations architecturales, un rôle important qui lancera une "vague" de fond incitant les architectes de cette période a intégrer de façon récurrente dans leurs bâtiments des éléments céramiques.


Luneville/Keller et Guerin /KG,
Saint Clement (meurthe et moselle France).

Jacques Chambrette est a l'origine de la première faïencerie de Lunéville en 1730.
Suite à son invention de la « Terre de Pipe », une terre donnant une faïence fine et blanche, il se voit accorder de nouveaux privilèges.
Il construit une nouvelle « manufacture de faïences fines à la mode d’Angleterre » en 1740. Il établit, aussi, une manufacture à Saint-Clément, où il trouve une "bonne terre". 
Lunéville était alors capitale de la Lorraine,( qui n était pas une région Française)  et Saint-Clément se trouvait sur le territoire Français.
Jacques Chambrette décède, son fils Gabriel et son gendre Charles Loyal reprennent les manufactures et se voient attribuer le titre de Manufacture Royale par Stanislas en 1758.
A partir de 1763, Saint-Clément est la propriété de Richard Mique, architecte de le reine Marie Antoinette. C’est une période faste pour la manufacture qui produit pour Versailles et innove dans les formes et les décors. On crée alors des vases de style Louis XVI dorés à l’or fin.
La famille Thomas poursuivra cette tradition artistique au XIXe siècle, avec la participation de Charles et Emile Gallé.
Les familles Keller et Guérin assureront la prospérité de la manufacture de Lunéville de 1786 à 1923. La production s’intensifie et devient industrielle après 1870.
Le volet artistique n’est cependant pas oublié.En 1892, les manufactures de Lunéville et Saint-Clément, réunies, dominent le marché français.
Le groupe Fenal maintient la tradition faïencière dans le Lunévillois au XXe siècle. A partir de 1922, Théophile Fenal, propriétaire de la faïencerie de Badonviller prend en main les destinées du groupe et fait appel a des artistes de renom tels Emile Gallé, Ernest Bussiere, Edmond Lachenal, Joseph et Pierre Mougin, Géo Condé... qui apportent une note artistique aux productions.
Dans les années 1980, le groupe s’unit à Sarreguemines et poursuit les productions traditionnelles, tout en innovant avec des stylistes contemporains, tels Pierre Cazenove, Régis Dho, Paul Flickinger…Terres d’Est poursuit au XXIe siècle…
Aux débuts des années 1950 la poterie utilitaire usuelle ou de "prestige/création" est en pleine mutation.La production réellement "utilitaire" périclite. Les potiers/artisans ferment leurs ateliers et les petites manufactures à la production pré-industrielle se réorganisent ou disparaissent... Le potier au savoir faire ancestral, va passer le relais aux "théoriciens" passés par les écoles d 'Art qui découvrent la réalité du terrain et les exigences de la terre.





Deux pôles de tradition potière vont alors devenir incontournables
- au centre la Puisaye terre à grès avec La Borne-Henrichemont et ses alentours,
- dans le sud Vallauris, ses traditions et l "explosion" Picasso...
A ces deux "pôles" incontournables et de grande tradition vient s ajouter "une parenthèse folle" :- Accolay (Yonne/France) qui après la deuxième guerre jusque vers 1985 va  marquer de façon indélébile l histoire de la "céramique Française " du XX eme siécle...
A la suite de ces "centres" qui attirent vers eux toute une génération, partout en France des ateliers se créent pour atteindre vers 1970, avec le "retour à la terre" l'apogée de cet Art/artisanat.