23.1.11

Paul Ami Bonifas (1893/1967) /Lise Lifas ( Alice Sordet)/(suisse).


En 1914 Paul-Ami Bonifas,crée son atelier de céramique à Versoix dans le canton de Genève, en Suisse .
Il a vingt et un an et collabore avec Alice Sordet qui partagera sa vie et son travail de 1917 à 1940. Il construit deux fours à bois, de haute et basse température, qui lui permettent de réaliser une production de vases et  d’objets aux formes simples decores "dans un gout populaire"  tres eloignes de la production puriste et novatrice qui fera son succes apres sa rencontre a Paris avec Ozenfant et Le Corbusier..

La production de "l' époque  Versoix" est fragmentaire puisqu’un incendie détruit son atelier en 1919.Il s’installe alors à Ferney-Voltaire (France) / (1922-1940).


Sa production attire et retient l’attention par la puissance et l’épure de ses formes. 
Comme toujours, les belles qualités développées dans cette œuvre ne sont pas le fruit du hasard, mais celui 
d’une quête. Celle-ci a débuté dans la fabrication artisanale de grès et s’est poursuivie par des recherches 
sur la matière, qui ont donné deux couvertes très typiques de l’œuvre de Bonifas : l’une, ce magnifique émail 
noir profond, délicatement métallisé, presque poudré qui parfois s’enhardit de coups de feu bruns, les autres, 
ces belles teintes pastel qui semblent flotter sur une base légèrement craquelée et dont les couleurs 
vibrantes s’enrichissent parfois de laitances. 
Un autre fait déterminant pour son évolution artistique, en 1921-1922, à Paris, il est secrétaire général de 
l’Esprit Nouveau, cette revue internationale de l’activité artistique, intellectuelle et scientifique, en compagnie 
de Le Corbusier et de Amédée Ozenfant. Il mène alors ses propres recherches esthétiques, essentiellement 
sur la forme. C’est avec une grande rigueur qu’il investigue les formes géométriques pour nous livrer tantôt 
des œuvres très mécanistes, tantôt des formes classiques que viennent renforcer et magnifier, des éléments 
aux audacieux développements spaciaux, à la fois très galbés et très tendus, qui confèrent vie et plénitude 
à l’objet d’art proposé. Ses positionnements de céramiste et d’intellectuel en font un militant, qui ne craindra 
pas de proposer la poterie populaire, soient les terres vernissées, au même rang que d’autres pièces 
artistiques plus largement reconnues, de la même façon, la volonté de mettre le beau à la portée de tous 
guidera sa quête vers l’objet d’art conçu davantage pour être une pièce de série que comme une pièce 
unique, c’est la notion d’objet d’art duplicable. 
En 1945 il s’installa à Seattle où il prit sa retraite du département des Beaux-Arts de l’Université de Washington en 1959.
Excellent tourneur ce n’est pourtant pas la richesse et la maîtrise de ses émaux qui firent sa notoriété mais dès 1925 le modernisme des formes l’approche architecturale ou l’aspect sculptural de ses vases début des fameuses terres lustrées noires. Son parcours unique fut alors totalement original dans le paysage des céramistes du vingtieme siécle

Un extrait du livre de Edmond Beaujon et Amédée Ozenfant «l’art du potier - Paul A. Bonifas» 
Pour définir la place de Bonifas dans l’art contemporain, il faut observer que ses poteries ne peuvent être 
enfermées sous la formule fonctionnelle, même si on la dédouble en rationalisme et sensualisme 
fonctionnels. Les pièces parties de sa main présentent toujours quelque chose qui surprend la vôtre, sans la 
blesser, mais de manière à éveiller l’attention. Tel ce vase que j’ai sur ma cheminée : il est de couleur 
turquoise, en forme de cucurbite, mais son profil arrondi, après avoir atteint sa plénitude, tend vers la ligne 
droite dans le bas de la poterie, dont la masse n’apparaît aucunement écrasée. Le col est très court, 
légèrement concave, et pourvu d’un rebord qui permet à la main de le saisir et éprouvant la résistance que 
donne cette saillie ; soulevez alors l’objet : il révèle un poids assez considérable, juste ce qu’il faut pour 
éveiller la sensation d’un monde soulevé par une seule main. Remis en place, il attire un geste des deux 
mains qui éprouve l’ampleur de la pièce et son galbe intermédiaire entre la nature et la géométrie. Dans ce 
vase, on peut introduire des - fleurs -, mais le vase est justifié sans -elles-, car il présente exactement la 
même capacité de service ou de détachement, et il atteste que l’art n’épuise pas son essence à réaliser 
l’utile. Saisir cette pièce ou la contempler ne sert à rien, sinon à vivre, c’est-à-dire à nouer des relations avec 
l’univers.» 
Edmond Beaujon, Ozenfant «L’art du potier, Paul A. Bonifas», Editions de La Baronnière, Neuchâtel, 1961.